Les plages de ponte sous pression

Depuis 1972, le nombre de plages fréquentées régulièrement par les tortues femelles diminue.

Une première explication est la dégradation de l’environnement côtier avec la construction des villages et des routes au plus près du littoral. Les constructions bétonnées en arrière-plage empêchent les tortues de creuser leurs nids dans le sable et les lumières des villages les dérangent. 

La pollution lumineuse, qu’elle soit ponctuelle lors de rassemblements ou permanente car liée aux aménagements de front de mer, perturbe les tortues. En effet, à l’issue de leur ponte nocturne, les tortues recherchent le reflet de la lune et des étoiles sur l’eau pour se guider vers la mer. Les autres sources lumineuses artificielles vont les désorienter, les empêchant de retrouver la mer. De la même façon, les émergentes erreront sur les plages dans de mauvaises directions sans trouver l’océan qui doit les accueillir. 

Autrefois, le sable a même fait l’objet de pillage pour les constructions en dur et la confection de parpaings. Ces prélèvements ont provoqué par endroit le déchaussement du beach rock qui protégeait les plages et sont désormais réglementés.

Littoral urbanisé.

La commune de Sada et sa plage, vue depuis le large.

Yannick Stephan – Mayotte Découverte

La commune de Sada et sa plage, vue depuis le large.

Yannick Stephan – Mayotte Découverte

Déchets sur la plage.

Un tas de déchets laissés sur une plage. La problématique de gestion des déchets est un enjeu majeur pour Mayotte.

Yannick Stephan – Mayotte Découverte

Un tas de déchets laissés sur une plage. La problématique de gestion des déchets est un enjeu majeur pour Mayotte.

Yannick Stephan – Mayotte Découverte

Les pollutions de toutes natures sont une deuxième raison de l’abandon de certaines plages par les tortues. Les villages y rejettent leurs eaux plus ou moins polluées, les courants littoraux y amènent de nombreux plastiques et les marécages d’arrière plage font parfois office de décharge. 
Les plages sont des lieux ludiques où bivouacs et voulés au feu de bois sont organisés sous les badamiers. A ces occasions, de nombreux déchets y sont abandonnés. Ces déchets vont non seulement polluer l’écosystème mais représentent aussi des obstacles pour les tortues qui viennent creuser leur nid. La rencontre de déchets sur la plage pourra pousser l’animal à abandonner l’endroit. 

Lors des sorties à la plage, les véhicules sont souvent stationnés au plus proche de la plage, entrainant la destruction des dunes et de la flore et la faune qui y vivent. Malgré une fréquentation humaine croissante, peu d’aménagements de ces espaces et d’accueil du public ont été faits. La déstabilisation des hauts de plages peut mener à une évolution des végétaux qui seront exposées aux espèces exotiques envahissantes. Cette transformation de la végétation modifierait l’odeur de la plage et les tortues ne sauraient plus la reconnaître comme favorable à la ponte.

Peu de pressions naturelles

L’évolution du niveau de la mer est une pression naturelle supplémentaire qui va modifier le profil des plages. Elle est liée d’une part au réchauffement climatique mais aussi, récemment, à la subsidence induite par le volcanisme qui est apparu à l’est de l’île. La naissance d’un volcan sur le fond sous-marin fait reposer un poids supplémentaire conséquent sur le plancher sous marin qui va donc légèrement s’enfoncer.