Mort d'un des derniers dugongs

23 juin 2015

Mort d’un dugong capturé par un pêcheur : l’un des derniers dugongs de Mayotte a ainsi disparu hier.

Lundi 22 juin matin, un pêcheur a ramené un dugong mort à terre, après l’avoir capturé dans son filet. La gendarmerie, la Brigade nature et le Parc naturel marin se sont rendus sur place.

Un enquête est en cours

A la demande du Parquet, le Parc naturel marin de Mayotte a fait réaliser une autopsie de l’animal, qui a révélé que sa mort résultait d’un acte intentionnel et non d’une capture accidentelle. L’enquête est en cours. Une réponse pénale proportionnée à la gravité des faits devrait être apportée rapidement.
La destruction d’espèce protégée est punie d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende (article L415-3 du code de l’environnement).
Les agents du Parc ont également recueilli des données pour alimenter la base de données du réseau d’échouage mahorais des mammifères marins et tortues marines (REMMAT).

Un dugong braconné.

Un dugong femelle braconné par un pêcheur au filet à Kani-Bé.

Alexis Guilleux / Office français de la biodiversité

Un dugong femelle braconné par un pêcheur au filet à Kani-Bé.

Alexis Guilleux / Office français de la biodiversité

Un dugong braconné.

Le dugong braconné.

Alexis Guilleux / Office français de la biodiversité

Le dugong braconné.

Alexis Guilleux / Office français de la biodiversité

Une atteinte tragique à la protection de l’espèce

L’effectif exact de la population de dugongs à Mayotte est méconnu, mais ne dépasserait pas la dizaine d’individus. Cet événement porte donc un coup catastrophique à la conservation des dugongs à Mayotte, d’autant plus que l’animal concerné était une femelle.
La population de dugongs de Mayotte a été relativement abondante par le passé et la cause majeure de son déclin a été sa surpêche.
Le dugong est protégé depuis 1995 et depuis 1997 l’utilisation du filet est réglementée dans le lagon de Mayotte. Malgré ces mesures de protection, quelques captures accidentelles de dugongs ont été recensées au cours de ces 10 dernières années et suffisent à menacer la population à très court terme.

Viennent s’y ajouter d’autres pressions humaines qui se développent : la dégradation des herbiers de phanérogames marines dont le dugong se nourrit, la pollution acoustique ainsi que la dégradation de la qualité des eaux côtières.

Un plan national et une stratégie locale pour la conservation du dugong

La mort de ce dugong intervient alors qu’un plan national d’actions en faveur de cette espèce a été élaboré en 2012 par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.

La stratégie de conservation du dugong à Mayotte consiste à mettre un terme aux captures et à toutes formes de destruction directe d’origine humaine, afin de stopper le déclin de la population puis de l’amener à un état de conservation satisfaisant. Les captures de dugong recensées ayant eu lieu dans des filets, l'objectif de zéro capture ne peut s'obtenir que par l'arrêt total de la pêche au filet telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Cela implique l’adhésion des pêcheurs à cette action, mais aussi une réflexion et une aide à la reconversion de la pêche au filet vers d'autres pratiques. Le plan détaille les actions à mener sur cinq ans pour Mayotte. Sa mise en œuvre est coordonnée par la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) et a été confiée au Parc naturel marin.

Dugong nageant.

Un dugong (Dugong dugon) nageant près de la surface.

Marc Allaria - www.photo-sousmarine.com

Un dugong (Dugong dugon) nageant près de la surface.

Marc Allaria - www.photo-sousmarine.com