Soyons attentifs à la rumeur sous-marine

27 janvier 2023

Du 16 au 29 janvier c’est la Semaine du son de l’UNESCO. La pollution sonore est une dégradation de notre environnement dont nous sommes à la fois la cause et la victime. 

Le Parc propose de se pencher sur la qualité de vie acoustique des espèces marines. En effet, le « monde du silence » regorge de crissements, de craquements, de pépiements, de chants et de vrombissements...

Le bruit à une place prépondérante dans l’écosystème aquatique car les ondes se propagent beaucoup plus loin dans l’eau que dans l’air.

Tous les animaux produisent du bruit selon les activités qu’ils réalisent, que ce soit pour défendre leur territoire, se reproduire, se nourrir, se déplacer, sociabiliser, etc.

 

Dialogues de poissons

Les poissons ont 2 principales façons de produire des bruits :

  • Par la friction de deux parties dures comme c’est le cas pour le poisson clown qui fait claquer sa mâchoire et ses dents pour défendre son territoire.
  • Avec la vessie natatoire qu’ils frappent comme un tambour : cette poche qu'ils remplissent ou vident de gaz à volonté leur sert de stabilisateur et leur permet de monter à la surface ou de descendre dans la colonne d'eau, mais également de communiquer.

Une étude de l'université Cornell (États-Unis), relayée par le site geo.fr en janvier 2022, révèle que les poissons communiquent entre eux bien plus souvent qu'on ne le pense.

poisson clown de Clark

Gros plan d'un poisson clown de Clark, ou clown noir à queue jaune, (Amphiprion clarkii) dans son anémone.

Pierre Riboulon – Mayotte Découverte

Gros plan d'un poisson clown de Clark, ou clown noir à queue jaune, (Amphiprion clarkii) dans son anémone.

Pierre Riboulon – Mayotte Découverte

Observation de baleine.

Un groupe de dauphins accompagnant une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae).

Julien Wickel

Un groupe de dauphins accompagnant une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae).

Julien Wickel

Paroles de cétacés

Les cétacés ont des moyens de communication particuliers :

  • Les odontocètes (cétacés à dents : dauphins, orques, cachalots…) produisent des vocalisations (sifflements, clics) grâce à d’épaisses membranes appelées « lèvres phoniques » au niveau de l’évent.
  • À ce jour, on ne sait pas précisément comment les mysticètes (cétacés à fanons : baleines, rorquals) produisent leurs chants car c’est très difficile d’observer les organes d’une baleine vivante. On pense qu’elles produiraient des sons grâce à leur larynx qui abrite des plis comme les cordes vocales chez l’homme.

Le vacarme sous-marin

La pollution sonore sous-marine provient d’activités humaines telles que les déplacements de navires motorisés, la prospection sismique pétrolière et gazière et les sonars militaires.

Le trafic maritime constitue la principale source de bruits en basses fréquences produits par les hommes dans les océans. De 1950 à 2000, le nombre de navires motorisés a triplé et le tonnage des bateaux a considérablement augmenté. 

Véritables autoroutes au-dessus des animaux marins, les axes maritimes laissent peu d’espaces pour vivre au calme dans les océans !

Trafic maritime ocean Indien

Routes maritimes des navires dans le canal du Mozambique en janvier 2023

MarineTraffic.com

Routes maritimes des navires dans le canal du Mozambique en janvier 2023

MarineTraffic.com

Générateur de stress, le bruit des activités humaines change radicalement les comportements des espèces marines.

La pollution sonore affecte toutes les espèce, les faisant fuir de leur habitat et réduisant leur capacité à communiquer, naviguer, localiser des proies, éviter les prédateurs et trouver des partenaires. Dans le pire des cas, cela peut conduire à des blessures physiques et même à la mort de l’animal suite à un bruit long et puissant.

Des solutions

La pollution sonore sous-marine a été reconnue officiellement en 2010 comme une pollution marine.

La plupart des guides de bonnes pratiques et recommandations internationales s’accordent sur l’utilité de définir des zones et/ou des périodes sensibles pour les espèces marines, dans ou durant lesquelles les activités bruyantes seraient interdites.

Chaque usager du lagon peut prendre conscience de l’impact sonore de son activité en commençant par respecter les limitations de vitesses en navigation motorisée.

Et pendant ce temps, dans le Parc naturel marin de Mayotte…

…les scientifiques de la société Reef Pulse et les agents du Parc écoutent les récifs coralliens. 

N’ayant pas les contraintes de la plongée (durée limitée, dérangement des poissons…), la pose d’hydrophones sous-marins présente un fort intérêt dans le suivi en continu des communautés de poissons.

Actuellement, 43 sites d’écoute sont déployés en pente externe de récif barrière pour 24h d’enregistrement par site. L’objectif est l’étude des variabilités spatiales des communautés de poissons.

Initié en août 2022, le projet SONOMAY permet également l’enregistrement en continu de 4 sites durant une année complète : la Passe en S, la Passe Boueni, le Récif Nord et la barrière Sud. Ces écoutes permettront de définir l’état de santé de ces milieux, notamment en évaluant la diversité des espèces récifales présentes.

Suivi acoustique récif
Plongée de maintenance d'un hydrophone sur le site de Mtsamboro

Sébastien Quaglietti / Office français de la biodiversité

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