Connaître l'état des populations de poissons commerciaux à Mayotte

DEMERSTOCK : une étude financée par le plan de relance

24 janvier 2023

Afin d’évaluer l’état des stocks exploités et de développer une pêche durable à Mayotte, les scientifiques et les gestionnaires du milieu marin étudient la biologie de six espèces de poissons pêchés sur les récifs de Mayotte.

Avec le soutien financier de l’Union européenne – NextGenerationEU, de France Relance et de l’Office français de la biodiversité, le Parc naturel marin de Mayotte et le bureau d’étude OCEA Consult’, avec l’appui du CUFR de Mayotte, lancent le projet DEMERSTOCK.

Le Parc remercie les pêcheurs et les mareyeurs qui, par leur collaboration, rendent possible cette étude.

Trois objectifs pour mieux connaitre les poissons démersaux

L’étude des cycles de vie des espèces est essentielle pour évaluer l’état d’un stock. C’est pourquoi ce projet de recherche appliquée dans le domaine de l’halieutique vise à :

  1. Acquérir des données biologiques sur six espèces de poissons démersaux de récif. L’acquisition de données telles que la taille, le poids, le stade de maturité ainsi que l’âge des individus pêchés à Mayotte est indispensable pour statuer sur l’état des populations et des stocks de poissons commerciaux.
  2. Distinguer différentes populations d’une même espèce. Nous chercherons en particulier à déterminer si les individus de l’est et de l’ouest de Mayotte appartiennent à la même population mais également si ceux du banc de l’Iris et du reste du lagon proviennent de populations différentes.
  3. Proposer des critères pour décrire l’état des populations de poissons. Il s’agit de combiner les données biologiques, populationnelles et de spatialisation de l’effort de pêche acquises à l’aide de méthodes complémentaires mises en œuvre par le Parc : 
  • STAVIRO : méthode de dénombrement de poissons par l’acquisition de vidéos rotatives sur un grand nombre de stations dans le lagon,
  • SIH : suivi de la pêche professionnelle,
  • UVC : comptage des poissons en plongée.
Biologie poisson

Acuqisition de données biologiques dans le cadre de l'étude Demerstock

Adeline Collet / OCEA

Acuqisition de données biologiques dans le cadre de l'étude Demerstock

Adeline Collet / OCEA

Six espèces ciblées

Pour mener à bien cette étude, six espèces de poissons démersaux ont été sélectionnées, suivant plusieurs critères d’intérêt, notamment parce qu’ils sont couramment pêchés selon les informations disponibles via le SIH (Système d’Information Halieutique).

Depuis septembre, l’équipe de terrain collabore avec les pêcheurs locaux pour échantillonner les espèces définies en collaboration avec le Parc.

© Randall, J.E., 1997

Otolithes d'un mérou

Otolithes de mérou croissant queue jaune

Alizée Deniel / OCEA

Otolithes de mérou croissant queue jaune

Alizée Deniel / OCEA

Quelles données sont collectées ?

Les poissons sont d’abord pesés et mesurés. Ces mesures permettront de connaitre les relations entre le poids et la taille des différentes espèces ainsi que la croissance des individus pour chaque espèce (taille ou poids en fonction de l’âge).

Les gonades, organes reproducteurs des poissons, sont observées pour déterminer le sexe et le stade de maturité de chaque individu. Ces informations permettront de décrire le cycle de reproduction et d’affiner les informations sur la croissance en fonction du sexe.

Enfin les otolithes, de petits os situés dans la tête des poissons, sont extraits. Ils permettent de connaitre l’âge de chaque individu. L’analyse de leur forme permet de vérifier l’existence de populations différentes à l’échelle de Mayotte.

Contribuer au développement de la pêche mahoraise

L’étude des stocks est une obligation de l’Union européenne pour lever les freins au développement durable de la pêche côtière, notamment par l’autorisation du financement des équipements de pêche professionnels.

Cette étude participe à la connaissance halieutique nécessaire pour soutenir la pêche artisanale mahoraise. L’effort financier et scientifique devra être poursuivi pour atteindre la connaissance de l’état des populations de 40% des espèces exploitées à Mayotte, comme demandé par l’Union européenne.

Les données biologiques vont également alimenter des bases de données régionales et ainsi participer au développement de modèles locaux d’évaluation des stocks de poissons démersaux.

 

    Pour aller plus loin :

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